Ce week end dans le Perche, j’ai trouvé la fraîcheur dans les allées ombragées du jardin de
La Petite Rochelle à Rémalard dans l’Orne.
Une fois le grand portail franchi, on pénètre dans le jardin de la maison aux volets bleus, la maison de Madame d’Andlau, propriétaire et créatrice du Jardin de La Petite Rochelle. Un jardin ? Plutôt une succession de huit jardins tous d’atmosphère, de couleurs et de senteurs différentes.
L’été à La Petite Rochelle, c’est la période des hydrangeas et autres hortensias,
mais aussi vivaces, roses et clématites qui fleurissent à foison.
Des plantes, des feuillages, des fleurs belles de simplicité et de raffinement, souvent rares, si rares que les botanistes d’ici et d’ailleurs viennent les admirer et les photographier. Parfois, on a une légère impression de fouillis (organisé tout de même !) comme si la propriétaire des lieux avait compris : les plantes sont ici chez elles et il est de bon ton de les laisser s’épanouir.
De l’eau, souvent, qui rafraîchit et nous enchante avec sa musique reposante. Des fontaines et des bassins, des percées, des ambiances, des statues, tout est enchantement et propice au lâcher prise.
Un vrai beau moment de sérénité dans ce jardin classé parmi les jardins remarquables.
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A propos d’Hélène d’Andlau
(article de Nathalie Fey dans le numéro hors-série de Pays du Perche : 100 qui font Le Perche)
Hélène d’Andlau est une maîtresse femme de 92 ans, habitée par la beauté. Bachelière dans les années trente, la guerre la cueille alors qu’elle termine une licence d’histoire. Engagée dans la Résistance, elle est rendue à la vie civile en 1946. Elle se tourne alors vers l’édition et entre parallèlement à l’Académie Julian, où elle apprend la peinture et la sculpture. Devenue graveur, elle se spécialise dans l’eau-forte et expose principalement aux Etats-Unis.
Dans les années soixante-dix, elle quitte son atelier parisien pour venir s’installer à Rémalard, à la Petite-Rochelle, auprès de sa mère souffrante, car la famille est ancrée dans le Perche depuis le Moyen-Age. Coupée de la vie artistique parisienne, elle poursuit son oeuvre en créant un, puis deux, aujourd’hui huit jardins plus enchanteurs les uns que les autres. Pour eux, elle parcourt l’Europe à la recherche de plantes rares et collabore avec son oncle par alliance, Peter Wolkonsky, le célèbre concepteur du jardin de Kerdalo. Le prince Wolkonsky viendra terminer sa vie à ses côtés, à la Petite-Rochelle. On peut visiter la grotte qui abrite ses cendres. En 2003, elle reçoit le label Jardins Remarquables décerné par le ministère de la Culture, classement reconduit en 2009. En 2005, Hélène d’Andlau est élevée au grade de chevalier de la Légion d’honneur pour ses actes de résistance et son oeuvre artistique. Aujourd’hui, elle continue inlassablement de faire évoluer son jardin et ne désespère pas d’acquérir de nouveaux terrains. Depuis quelques années, elle travaille avec sa fille, Laurence de Bonneval, chercheur de l’INRA et passionnée de botanique, qui reprendra la Petite-Rochelle quand Mme d’Andlau aura décidé d’aller rejoindre Peter Wolkonsky dans cette belle grotte, à l’angle du jardin italien.